Feel bad et ne m'oublie jamais (French Edition) by Scilien Eric

Auteur:Scilien, Eric [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Bookless-editions
Publié: 2023-12-13T23:00:00+00:00

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01 : 10

– Arrête Toff’ !

Mais Toff’ n’arrêtait pas.

– MAIS ARRÊTE ! Si tu continues comme ça, tu vas le tuer !

Allongé face contre terre, le vieux ne bougeait plus.

Les dernières paroles de Quentin avaient mis du temps à faire leur chemin, Toff’ avait le regard chaviré et le front en sueur, sa poitrine se soulevait irrégulièrement comme s’il peinait à respirer.

– Qu’est-ce qui t’as pris, t’es devenu fou ou quoi !?

– C’gars-là, y…

– Il quoi, merde !?

Toff’ essayait désespérément de parler, mais les mots restaient coincés en travers de sa gorge. Quentin s’énerva :

– Putain mais accouche ! Qu’est-ce que tu veux dire ?!

– J’croyais qu’c’était mon père…

– Hein ?

– Y r’ssemble à mon père ! beugla Toff’ d’une voix de dément.

Quentin jugea préférable de ne rien ajouter. Toff’ restait planté devant le corps inanimé, comme s’il ne comprenait pas lui-même ce qui venait de se passer.

Ça n’avait pas été facile de convaincre le vieux de leur ouvrir la porte. Il avait fallu parlementer, inventer une femme enceinte prête à accoucher sur la banquette arrière de leur voiture et le besoin urgent de téléphoner à un médecin. D’abord méfiant, le vieux avait fini par se laisser convaincre.

Toff’ l’avait cogné direct, sitôt franchi le pas de la porte – deux mandales pleine face et le vieux s’était écroulé. Toff’ l’avait achevé à coups de Santiag, le vieux pissait le sang.

Ensuite, ils avaient été chercher D’homme. Ils l’avaient ramené à l’intérieur, couché sur le divan. C’est là qu’ils avaient réalisé qu’il était mort. D’homme avait fait sous lui, la pièce avait rapidement empesté. La suite avait viré au cauchemar.

Toff’ avait commencé par empoigner le vieux en lui demandant s’il avait une bagnole. Le vieux offrait un spectacle vraiment pitoyable – agenouillé en pyjama sur le carrelage usé, la lèvre fendue, une arcade ouverte et le menton barbouillé de sang ; il avait craché un morceau de dent avant de leur désigner une grande armoire d’une main tremblante. Quentin l’avait fouillée. Il y avait trouvé une boite à biscuits en fer blanc où se trouvait une maigre réserve en petites coupures de cinq et dix sacs. Le compte avait été vite fait – à peine deux mille cinq cents francs. C’est là que Toff’ avait déjanté. Comme pris de folie, il s’était acharné sur le vioc à coups de pompes et Quentin avait eu toutes les peines du monde à le calmer.

Toff’ n’étant provisoirement plus en état de se rendre compte de quoi que ce soit, Quentin s’était surpris lui-même à empocher le magot. Cet argent-là le dégoûtait bien quelque part – sans qu’il puisse dire où – mais il lui suffisait de se projeter en pensée, les menottes aux poignets, un long séjour en prison pour toute perspective pour reléguer ses velléités de remords aux oubliettes.

La taule, il ne connaissait pas mais il en avait suffisamment entendu parler par ceux qui y avaient goûté. D’homme n’avait pas été le dernier à lui raconter son expérience, trois mois l’année passée pour vol avec effraction dans un supermarché.

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